Le puisatier à Madagascar
Parmi les premières choses de ma vie dont je me rappelle c’est curieusement un livre qui relatait des aventures dans le « Urwald » : désignation de la forêt vierge, de la forêt pluviale ou appelée actuellement la forêt primaire. Mon imagination galopante était alors alimentée par les récits de mes oncles Marcel et Gilbert qui m’apprenaient qu’on y trouvait d’énormes serpents, des perroquets, des singes et des animaux très étranges qu’on ne voyait nulle part ailleurs au monde. Ils me décrivaient cette forêt comme n’étant pénétrable qu’en y frayant un chemin avec une machette. Ils n’avaient pas besoin de détailler beaucoup plus car mon imagination fertile faisait le reste et je créais ainsi un univers à moi, un Eden qu’un jour je me promettais de visiter. Bien sûr mes oncles m’avaient bien parlé des fameux habitants de la forêt vierge qui faisaient bouillir les visiteurs étrangers dans d’énormes marmites avant de les manger…

Le métier de puisatier
Alors qu'en France pratiquement tout le monde est relié à une société de distribution d'eau potable à Madagascar par contre avec un PIB parmi les plus bas de la terre, la plupart des foyers ne sont pas raccordés à un distributeur d'eau et sont obligés de se laver, de faire la vaisselle ainsi que d'aller chercher de l'eau pour faire la cuisine dans les lacs, les rivières et autres points d'eau.
Bien entendu dans les petites villes on a construit de petits bâtiments reliés au réseau d'eau sauf que chaque seau d'eau, chaque bidon d'eau qu'on va remplir dans ces endroits, il faut payer cette eau.
Ce ne sont pourtant pas les puisatiers qui manquent car il existe encore des puisatiers qui sont en mesure de creuser des puits, de fabriquer lui-même les buses en béton pour faire un travail parfait et durable et même les pompes à main pour extraire l'eau des puits est fabriquée entièrement de leurs mains en or.
Bien entendu ces puisatiers ne travaillent pas bénévolement et ils ont conscience qu'ils amélioreraient grandement en ce qui concerne ne serait-ce que les conditions de vie ainsi que les conditions d'hygiène de quartiers entiers s'ils avaient les moyens financiers de réaliser des puits où les habitants pourraient puiser gratuitement leur eau.
En face de chez moi se trouve un grand lac mais qui est asséché une partie de l'année et journellement je constate qu'une grande majorité des villageois viennent y laver quotidiennement leur linge ou se baigner à côté des canards et des zébus qui viennent boire ou barboter dans ce lac.

Il ne faut pas s'étonner que le taux de mortalité infantile à Madagascar soit de 42,4 pour 1000, ce qui est énorme par rapport au taux de mortalité infantile en France métropolitaine qui est à peine de 3,5 pour 1000.

Un exemple de la vie rudimentaire des insulaires résidant dans les provinces malgaches

Culture et joie de vivre à Madagascar
J'en avait vraiment ma claque de bêcher, de me courber pour extraire les adventices etc. et quand on avait terminé un coin il fallait recommencer.
C'est pourquoi je me suis mis à faire de la culture hors sol. Plus besoin de se baisser, plus besoin d'arracher des "mauvaises herbes", plus besoin de se casser la tête car on peut jardiner assis devant une table.
Il suffit pour cela de récupérer par exemple des bidons vides en plastique qui ne rouillent pas et d'y mettre de la terre et de les disposer sur une table.
Donc, j'ai planté quatre bois carrés (comme on les appelle ici) en terre mais cela va aussi avec du bois rond puis on assemble des planches afin de faire un support pour y poser ses bidons coupés préalablement en deux dans le sens longitudinal et quand cette table rudimentaire est terminée on la recouvre de balatum souple qu'on laisse déborder un peu afin que l'humidité ne pourrisse pas le bois et pour que les escargots ne puissent pas accéder au dessus de la table.
J'ai ainsi fais de la culture de persil de basilic de pourpier (bourré d'antioxydants qu'on trouve également en France) etc. On peut même y produire toutes sortes de salades, cresson alénois, mâche, de la roquette etc. et même des fines herbes comme du fenouil, aneth, cumin etc. qui s'accommode de façon subtile avec tous les poissons.
Bien entendu j'ai également ici un gros tas de compost issu des restes de verdure que mon troupeau d'une centaine de lapins ne mangent pas et des déjections naturellement. En ce qui concerne l'engrais, je le fais moi-même avec du marc de café, les peaux de bananes et les coquilles d'œufs.
En ce qui concerne le café j'ai planté une vingtaine de pieds de caféiers qui commencent à donner des grains mais comme le café se vend au détail et qu'il est produit directement dans les environs, il n'est pas cher. quand on va boire une tasse de café dans une gargote on paye l'équivalent de 0,05€ un beignet c'est la moitié de ce prix. Donc pendant que ma femme allait faire les courses au marché j'allais m'installer dans une gargote et je commandais un café et deux beignets et je payais le tout 0,10€.
Les bananes se vendent par tas, c'est à dire six à huit bananes c'est environs 0,50€.
Quand c'est la saison on peut déguster à volonté des litchis chinois, des sakomanga (genre de petite mangues avec un noyau épineux mais sans danger de se blesser en mangeant); des oranges et bien entendu les bananes qu'on trouve tout le long de l'année. Ici on ne risque pas de manquer de fruits selon les saisons et ce ne sont pas des fruits immigrés comme en France... qui ont des milliers de km au compteur.
Au mois de décembre quand c'est la saison des litchis et quand ils ne sont pas transporté en avion et vendu 5€ le kg, pour les ramener en France par bateau on leur soumet un bain de souffre pour qu'ils se conservent. Ici ils sont vendu tout frais 0,30 € le panier de 7 kg au camions qui viennent les chercher jusque dans la brousse.
De plus en plus de retraités viennent finir leurs vieux jours dans cet Eden qu'est Madagascar où on peut embaucher autant de monde qu'on veut sans qu'on soit embêté. Et on peut trouver des occupations saines toute l'année sans se préoccuper du froid six mois dans l'année. Bien entendu les jours sont plus courts qu'en France car à 18 heures il fait déjà nuit été comme hiver mais dès quatre ou cinq heures du matin Madagascar s'éveille et les pêcheur vont déjà affronter dans leurs frêles pirogues le tumultueux océan Indien quand la mer n'est pas trop démontée.
on peut embaucher une dizaine de personnes sans pour cela réduire son budget: par exemple une bonne qui ne s'occupe que du nettoyage, une femme de chambre qui s'occupe de la literie, une secrétaire pour faire le courrier; un jardinier pour faire les cultures, un gardien qui s'occupe de filtrer les visites, un surveillant qui préviendrait quand ça mord à l'hameçon etc. car à raison d'un salaire journalier de un à deux Zeuros par jour de travail en toute légalité, cela n'arrache pas le bras d'un pauvre retraité courbé sous le faix de ses impôts en France... d'autant qu'on ne paye pas d'impôts ni taxes d'habitation ni taxes foncières ou autres ici.
On peut construire une maison où on veut même sur la plage avec juste l'accord du maire de l'endroit. On construit sans plans, sans contraintes, sans problèmes du moment qu'on ne cause pas de nuisances à la population très puérile car l'âge moyen de la population est de 18 ans.

Quelques photos des premières installations que j'ai fais construire au bord d'un grand lac poissonneux à volonté.